Depuis des mois, les manifestants demandent sans relâche le jugement de Moubarak et des autres responsables des meurtres commis durant la révolution. |
Ce matin en arrivant dans les bureaux de la New Woman Fundation où je fais du bénévolat, je trouve mes nouvelles collègues réunies dans une petite salle devant la télévision. Ce mercredi 3 août marque le début du procès de l’ex-président Hosni Moubarak, de ses fils et d’autres responsables qui comparaissent devant la justice pour meurtres de manifestants et pour corruption.
L’ambiance est électrique, elles attendent toutes avec impatience la première apparition du dictateur depuis son départ du pouvoir en février 2011. Après une heure d’attente, il entre dans la cage grillagée des accusés allongé sur une civière. L’émotion est forte, une des femmes a même les larmes aux yeux. Il faut dire que beaucoup d’Egyptiens n’y croyaient pas, ils doutaient fortement que ce procès aurait réellement lieu. Durant cette première audience, Moubarak et ses fils plaideront non-coupables et le procès sera ajourné.
De retour dans son bureau, ma chef rayonne; elle m’explique que finalement peu importe si le procès traîne à cause de l'état de santé de Moubarak ou même s’il meurt avant la fin du procès. Ce qui compte c’est que le procès ait lieu. « Nous avons de la dignité ! ». «N’importe quel pays civilisé est capable de poursuivre ses dirigeants en justice pour leurs crimes ». Ceci est en effet une nouveauté qui accompagne la démocratie naissante de ce pays. C’est d’autant plus important qu’il s’agit aussi du premier dirigent déchu du printemps arabe à comparaître devant la justice. Enfin une victoire pour le peuple égyptien qui n’a jusque là pas vu beaucoup de changements depuis la révolution!